Les allumettes suédoises est un roman de Robert Sabatier paru en 1969. Ce fut un immense succès de librairie.
Olivier est un jeune garçon d’une dizaine d’année, vivant dans le Paris du début des années trente… Cette histoire commence malheureusement par un événement tragique, la mort de Virginie Châteauneuf, la mère d’Olivier et la belle mercière du quartier, laissant Olivier, gamin de bientôt 10 ans, orphelin, le père étant mort depuis longtemps. Ça fait de lui un petit homme démuni face au monde.
En attendant qu’il soit placé chez un oncle, il vit pendant quelques mois chez son cousin, récemment marié qui occupe un deux-pièces dans le quartier, son quartier, celui de Montmartre, à Paris.
Il n’a qu’une crainte: quitter ce qui fait son royaume, ce quartier de Montmartre où il est né et a commencé à grandir.
Mais malgré sa tristesse, Olivier aime son quartier, ses habitants et comme il ne va plus à l’école, le temps de décider de son avenir, il s’invente une nouvelle vie et de nouveaux camarades… C’est un “gosse des rues”. C’est ainsi qu’il va faire de nouvelles connaissances, avec des personnages hors du commun, des figures chaleureuses et pittoresques, telles que:
- Bougras, un vieil et débrouillard anarchiste solitaire de 74 ans, qui l’emmènera partout et qui l’embauche pour de petits boulots.
- Lucien le bègue, un sans-filiste (radiotélégraphiste) dont la femme , atteinte de tuberculose , va bientôt mourir, qui partage son temps entre sa femme et ses postes de T.S.F.( radio).
- Daniel, un infirme connu sous le nom de l’Araignée, qui lui donnera le goût de la lecture et dont il va comprendre l’absolue misère.
- Albertine Fague, la concierge obèse.
- Mado, qu’on surnomme “La Princesse”, une belle femme dont certains disent qu’elle fait la vie. Le garçon, qui en est amoureux, est initiée par elle aux manières délicates.
- Mac, qui use de la force pour établir sa célébrité de mauvais garçon, apprend à Olivier à se bagarrer, il donne à Olivier des cours de boxe.
- Et ses anciens camarades de classe: Loulou, Toudjourian et Capdeverre.
- Et bien sûr, il y a Virginie, la mère décédée trop tôt mais qui occupe encore toutes les pensées d’Olivier.
C’est dans ce quartier des années 30, plus précisément dans la rue Labat, près de l’avenue Bachelet, qu’Olivier évoluera pendant quelques mois.
Malgré des moments de solitude, des crises d’angoisse qui le ramènent à la dure réalité de sa situation, Olivier rêve de rester avec ses cousins, de rester dans son quartier, de retourner à l’école. Il sait cependant que cela ne restera pas ainsi éternellement; il sait que tout va se chambouler quand arriveront les vacances et tous les départs…
Un roman qui nous décrit avec passion les quartiers de Paris dans les années trente, qui nous donne envie d’y vivre et qui nous surprend lorsqu’on connaît un peu le Paris d’aujourd’hui. De très belles descriptions, des personnages attachants, une vie simple mais tellement belle….
Sous la plume de Robert Sabatier, c’est son enfance qui remonte, avec des noms encore connus, comme les tartines de phoscao (chocolat en poudre pour petits déjeneurs) ou de saindoux saupoudré de sel, la piscine avec le cousin Jean, le cinéma d’avant guerre où l’on pouvait voir un documentaire, les actualités, les réclames, le film parfois à épisodes.
C’est la rue populeuse et sympathique d’avant guerre, au printemps et au début de l’été. C’est la T.S.F. que tout le monde vient écouter en venant s’installer devant chez la concierge, cette rue bourdonnante de vie le soir après le travail.
Ce sont aussi les angoisses des mises à pied, les files de chômeurs s’allongeant sur certains trottoirs, dans l’attente d’un petit boulot pouvant payer la journée ou 2 ou 3 à venir. Une crise avant la grande crise que vit Olivier sans bien la comprendre.
C’est le Montmartre ancien, la rue était un théâtre, il s’y passait toujours quelque chose. Le livre montre les manières de vivre en 1930: l’absence de racisme dans cette population faite de Bretons, d’Auvergnats, d’émigrés d’Europe centrale et d’Afrique du Nord, de Belges, de Juifs…; la télévision n’existe pas, ils écoutent la TSF, on utilise un langage particulier, l’éclairage est au gaz, la baguette de pain constitue un luxe, les écoliers portent des tabliers, on écrit à la plume,…; l’auteur cite les noms des artistes et des chansons de l’époque….
À la fin du roman, Olivier quitte sa chère rue, les larmes aux yeux, pour partir chez sa tante et son oncle (qui a accepté de devenir son tuteur, car le statut de la femme à l’époque ne permet pas à la vraie tante d’être tutrice).
Un livre très touchant, très beau…et triste aussi…
Robert Sabatier est né à Paris en 1923. Orphelin comme son héros, il sera placé sous la tutelle de son oncle typographe. Il pratique plusieurs métiers avant de devenir journaliste pour différentes publications. Il a publié de nombreux romans et recueils de poèmes. Après Les allumettes suédoises, il a écrit une suite à l’histoire d’Olivier qui compte six volumes.
Il dit que ce roman représente un petit accident dans sa vie littéraire. C’était en 1968 et il était à New-York. En se promenant, il a vu des gosses qui pataugeaient dans l’eau et, tout d’un coup, des images de son enfance ont surgi. Il est immédiatement remonté dans sa chambre d’hôtel et il a commencé à écrire. Il n’a pas eu besoin de faire appel à la moindre documentation. C’est un roman traditionnel et sans prétention, écrit avec le coeur.
L’éditeur a trouvé tout cela charmant et délicieux, et sans trop y croire, il l’a publié avec un petit tirage, et après il a été un succès.
L’histoire a été portée à l’écran en 1995. C’est une trilogie télévisée composée des épisodes David et Olivier, Trois Sucettes à la menthe et Les Noisettes sauvages, sous le titre générique des Allumettes suédoises (Robert Sabatier reconnut tous ses personnages derrière leurs interprètes).
Publié par Mamen Pove Álvarez, élève du Niveau Avancé 1ère année.
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