mardi 1 mai 2018

Une drôle de séance de lecture !!

À l'occasion de la Journée Mondiale du Livre et du droit d'auteur, le lundi 23 avril, Anne Marie CABREJAS, Marie Angèle CABREJAS, Felipe ALVAREZ et Marcellin SANCHEZ, quatre élèves du Niveau C1, ont lu à 4 voix un extrait littéraire issu de "King Kong théorie" signé par Virginie Despentes, un symbole de la littérature féministe française dont le discours aurait pu être confisqué, une écrivaine prônant la devise « liberté, égalité et sonorité ».

La femme de demain sera-t-elle une King Kong girl ? Un gorille sommeillera-t-il en elle ? Pour en savoir plus, cavalez en plein cœur de l´extrait ci-dessous, un témoignage à vif, un discours retentissant de Virginie Despentes, pouvant écorcher maintes oreilles !!


[…] Je suis plutôt King Kong que Kate Moss comme fille. Je suis ce genre de femme qu'on n'épouse pas, avec qui on ne fait pas d'enfant […]. Je me suis toujours sentie moche, je m'en accommode d'autant mieux que ça m'a sauvée d'une vie de merde à me coltiner des mecs gentils qui ne m'auraient jamais emmenée plus loin que la ligne bleue des Vosges. Je suis contente de moi, comme ça, plus désirante que désirable. […] Je suis née en 69. J’ai été à l’école mixte. J’ai su dès le cours préparatoire que l’intelligence scolaire des garçons était la même que celle des filles. J’ai porté des jupes courtes sans que personne dans ma famille se soit jamais inquiété de ma réputation auprès des voisins. J’ai pris la pilule à 14 ans sans que ce soit compliqué. J’ai baisé dès que j’en ai eu l’occasion, ça m’a superplu à l’époque, et vingt ans après le seul commentaire que ça m’inspire c’est : « trop cool pour moi ». J’ai quitté la maison à 17 ans et j’avais le droit d’habiter seule, sans que personne trouve à y redire. J’ai toujours su que je travaillerais, que je ne serais pas obligée de supporter la compagnie d’un homme pour qu’il paye mon loyer. J’ai ouvert un compte en banque à mon nom sans avoir conscience d’appartenir à la première génération de femmes à pouvoir le faire sans père ni mari. Je me suis masturbée assez tard, mais je connaissais déjà le mot, pour l’avoir lu dans des livres très clairs sur la question : je n’étais pas un monstre asocial parce que je me touchais, d’ailleurs ça ne regardait que moi, ce que je faisais de ma chatte. J’ai couché avec des centaines de mecs, sans jamais tomber enceinte, de toute façon, je savais où avorter, sans l’autorisation de personne, sans risquer ma peau. Je suis devenue pute, je me suis promenée en ville en talons hauts et décolletés profonds, sans rendre de comptes, j’ai encaissé et dépensé chaque centime de ce que j’ai gagné. J’ai fait du stop, j’ai été violée, j’ai refait du stop. J’ai écrit un premier roman que j’ai signé de mon prénom de fille, sans imaginer une seconde qu’à parution on viendrait me réciter l’alphabet des frontières à ne pas dépasser. Les femmes de mon âge sont les premières pour lesquelles il est possible de mener une vie sans sexe, sans passer par la case couvent. Le mariage forcé est devenu choquant. Le devoir conjugal n’est plus une évidence. Pendant des années, j’ai été à des milliers de kilomètres du féminisme, non par manque de solidarité ou de conscience, mais parce que, pendant longtemps, être de mon sexe ne m’a effectivement pas empêchée de grand-chose. Puisque j’avais envie d’une vie d’homme, j’ai eu une vie d’homme. […]
Extrait issu de « King Kong théorie » de Virginie Despentes.

Sachez que s'il y a un ouvrage à avoir pour chaque élève du Niveau Avancé et du Niveau C1, j'opte pour celui-ci ! Pas besoin de fiche comprenant la découverte du livre ou de son auteur. Rien qu´à lire cet extrait vous en sortirez happés. 

Pour terminer, je vous rappelle de vous pencher sur "King Kong théorie" de Virginie Despentes. Ce bouquin est une mine d'or ... 
Et si vous avez d´autres épingles à faire découvrir, faite-le savoir !!! 

Publié par Carmen Caballero, prof de français

2 commentaires:

  1. Moi au fond je suis étonnée pour cette femme si "explosive", et surtout je souligne ce qu´ella a dit à la fin de l´article: "j´ai été à des milliers de kilomètres du féminisme...parce que, pendant longtmeps, être de mon sexe ne m´a effecivement pas empêchée de grand-chose..." Pour vu que, en sauvant les distances, tous nous pouvions dire la même chose de notre vie..., et pouvoir la vivre sans esclavages d´aucune sorte...

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  2. Le texte de Virginie m'a semblé choquant et trop radical, elle veut provoquer avec l'exagération et la vulgarité la réaction du lecteur, elle a révélé une société injuste envers les femmes (et elle a raison en ça),elle est située de l'autre côté de la tranchée comme si c'était d'une guerre hommes-femmes. Mais je suis surpris qu'elle soit située à des milliers kilomètres du féminisme, pour cette guerre elle veut se battre dans le rôle d'un homme..."puisque j'avais envie d'une vie d'homme, j'ai eu une vie d'homme'.
    Modesto Díez

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